Abécédaire du Bouddhisme

Notions et concepts fondamentaux

Âtman/Anâtman : Dans l’hindouisme, « Âtman » désigne le Soi, le principe divin qui est dans chaque individu. L’Âtman est de même nature que le Brahman (l’Absolu impersonnel). Le bouddhisme ne reprend pas la notion d’Âtman, i.e. l’idée d’un Soi absolu et impermanent : « Tout est impermanent et vide de substance ». Il s’agit là de la doctrine de l’Anâtman. L’individu est composé de cinq skhandas –facultés des sens, sensations, perceptions, formations mentales, conscience), réunis à sa naissance. Le bouddhisme n’en reconnaît pas moins l’existence dans le composé humain de la bodhicitta, l’« esprit d’éveil ». Dans le Mahayana, la « nature de Bouddha », c’est-à-dire d’Eveillé, est présente dans tous les êtres, au moins à l’état de germe (Tathâgatagarbha).

Voir : Bouddha ; Eveil/Boddhi/Satori.

Autel : Dans un Zendo (Dojo Zen), une statue, une peinture une calligraphie représentant le Bouddha, l‘un ou l’autre bodhisattva, ou encore un maître zen, reposent sur l’autel. L’encens symbolise le Bouddha au corps parfumé et les bougies sa lumière infinie. Les offrandes expriment la dévotion du fidèle (fleurs, nourriture, lampes, eau). Elles sont destinées à honorer la nature propre de Bouddha.

Voir : Bouddha ; Bodhisattva.

Bodhisattva : «Etre d’éveil ». A l’origine, le terme désigne la condition du Bouddha dans ses vies antérieures (les Jatâka). Il accumule alors exploits et mérites. Dans le bouddhisme Hinâyâna domine la figure de l’Arhat (un saint libéré des désirs terrestres qui accède au Nirvana). Du point de vue du bouddhisme mahayana, l’Arhat demeure à un stade inférieur de la pratique car il recherche l’éveil pour lui-même. Le Bodhisattva ne faisant pas de distinction entre lui-même et les autres, il refuse d’entrer dans le nirvana afin d’aider tous les être à progresser sur la voie de l’éveil. En cela, le Bodhisattva est un « héros de l’éveil ». Avalokiteshvara, Manjusri ou encore Maitreya sont des figures de Bodhisattva.

Voir : Eveil ; Hinâyâna ; Mahâyâna.

Bouddha : « L’Eveillé ». Avec une majuscule, « Bouddha » désigne un personnage historique, Siddhârta Gautama Shâkyamuni (le « sage des Shâkya »), ayant vécu et atteint l’éveil au VIe siècle avant Jésus-Christ. Sans majuscule, le terme désigne celui qui a vu la Réalité ultime et atteint l’Eveil (Bodhi).

Voir : Eveil/Bodhi/Satori.

Ch’an/Tchan/Zen : Equivalents sino-japonais du sanskrit « Dhyâna », ce dernier terme étant traduit par « méditation ». Pratiquée en Inde bien avant le Bouddha Shâkyamuni, la méditation  purifie le cœur et la conscience profonde. En dissipant les illusions, elle permet de percevoir la véritable nature des choses (la nature de Bouddha). L’école Ch’an (Chine) et celle du Zen (Japon) insistent sur la méditation comme voie royale pour mener à l’Eveil.

Voir : Zen ; Mahâyâna.

Compassion : Expression majeure du bouddhisme avec la sagesse suprême(prajnâ).Dès l’origine, le Bouddha Shâkyamuni, après avoir atteint l’éveil et la sagesse suprême, refuse la dernière tentation du démon, Mâra, dieu de la mort : celui-ci lui conseillait de demeurer dans le Nirvâna, sans se soucier du salut des hommes. Par compassion, il décide de mettre en mouvement la roue de la Loi, i.e. de délivrer son enseignement (voir les Quatre nobles vérités). Dans le Hinâyâna, la sagesse suprême est au premier plan, devant la compassion. Dans le Mahâyâna, la compassion retrouve toute son importance. Aussi constitue-elle l’attitude fondamentale du Bodhisattva qui la cultive en pratiquant les « perfections » (Paramita). Sorte de sympathie universelle (« sympathie » au sens étymologique du terme), la compassion naît de la compréhension de l’unité profonde de tous les êtres de l’univers.

Voir : Bouddha ; Bodhisattva.

Dharma : Avec une majuscule, «Dharma » désigne la Loi bouddhique, i.e. l’ordre cosmique et la doctrine du Bouddha. Sans majuscule, il désigne les différents éléments constitutifs du réel.

Voir : Karma.

Dukha : Le terme est employé dans le discours des Quatre nobles vérités. Il est traduit par « souffrance » ou « douleur ». Plus largement, « dukha » signifie impermanence, insubstantialité. Soumis au changement et à l’impermanence, le bonheur est lui-même dukha. Seul l’éveil permet de transcender cette souffrance.

Voir : Quatre Nobles Vérités ; Eveil/Bodhi/Satori.

Eihei-Ji : Nom d’un temple fondé par maître Dogen, au XIIIe siècle (1244), au cours de l’Ere Kamakura (1185-1333), l’une des époques de l’histoire du Japon. Eihei-Ji est situé au nord-ouest du pays, dans l’île de Hondo (ou « Honshu »), la plus grande de l’archipel japonais. Eihei-Ji signifie « Temple de la paix éternelle ».

Voir : Zen/Zazen

Eveil/Boddhi/Satori: L’Eveil est le moment où le Bouddha Shâkyamuni, sous l’arbre de la Bodhi, comprit la Loi de la vie (le Dharma) et parvint à mettre un terme aux souffrances de l’existence : la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort. La force de l’éveil abolit la dualité sujet/objet (le monde et moi), permet de transcender tout attachement terrestre et ouvre sur le Nirvana. Dans le bouddhisme zen, le terme de « Satori » désigne l’éveil soudain et parfait.

Voir : Illusion ; Kleshas ; Obscurité fondamentale ; Samsara ; Nirvana.

Foi : Longtemps déconsidéré voire méprisé en Occident, il existe un bouddhisme de la foi qui s’est développé en étroite liaison avec  l’idéal du Bodhisattva, l’être d’éveil qui, par compassion, fait le vœu de sauver tous les êtres avant d’entrer dans le Nirvana. La foi et la dévotion sont particulièrement présentes dans l’école de la Terre pure et les différentes branches de l’amidisme.

Voir : Eveil/Bodhi/Satori ; Nembutsu.

Fukasetsu : Mot japonais utilisé par le Zen pour désigner l’expérience de l’Eveil, au-delà des mots, de toute formulation et représentation. Peut être traduit par « l’indicible ».

Voir : Eveil/Bodhi/Satori ; Zen/Zazen.

Gautama : Nom de la famille du Bouddha, membre du clan des Shâkya. Le clan des Shâkya était installé dans le Nord-Est de l’Inde, sur les contreforts de l’Himalaya. Son lieu de naissance, à Lumbini (actuel Népal), près de Kapilavastu, est attesté par un édit du roi Ashoka gravé sur une colonne de pierre (troisième souverain de la dynastie des Maurya, Ashoka règne entre 232 et 208 av. J.C.). En tant que fils du souverain local, le Bouddha Shâkyamuni appartient à la caste des Ksatriyas (la classe guerrière).

Voir : Bouddha.

Gazelles (Parc des gazelles) : Lieu où le Bouddha Shâkyamuni, après son éveil, a donné son premier sermon et exposé les Quatre nobles vérités. Nommé ainsi du fait que le souverain local y chassait des gazelles, ce lieu est situé près de Bénarès.

Voir : Bouddha ; Eveil/Bodhi/Satori ; Quatre nobles vérités.

Hinâyâna : Petit véhicule.« Véhicule » est ici compris comme moyen de progression sur la voie du salut. Terme à connotation péjorative utilisé par les tenants du Mahâyâna (le GrandVéhicule) pour désigner le Theravâda (la « voie des anciens ». Le Hinâyâna est né à la suite des deux premiers conciles bouddhistes, vers 500 av. J.-C. Il occupe une place prééminente en Asie du Sud et du Sud-Est. La base de l’enseignement est constituée par les trois parties du canon bouddhique (le Tripitaka) : les règles monastiques (vinayana), les premiers Sûtra et leur commentaire (abbidharma). Les hinayanistes cherchent à réaliser l’état d’Arhat, i.e. une forme de sainteté délivrée des désirs terrestres, afin d’accéder directement au Nirvana.

Voir : Mahâyâna.

Hishiryo : Au-delà de la pensée (Shiryo) et de la non-pensée (Fushiryo). Hishiryo est un dépassement de ces deux contraires. Les maîtres Zen parlent d’un « penser du tréfonds de la pensée : une pensée absolue, ouverte sur cosmos ; une pensée de la pensée.

Voir : Zen/Zazen.

Illusion : Traduction du sanskrit « Maya ». Mû par les passions négatives (Klesha) le monde de l’illusion est comparable à un voile d’ignorance qui fait écran à la véritable perception et compréhension des phénomènes. En cela, il est source de tourments et constitue un obstacle à l’Eveil.

Voir : Kleshas ; Obscurité fondamentale ; Eveil/Bodhi/Satori.

Ishin denshin : Traduit par « De l’esprit à l’esprit » ou encore « De l’esprit-cœur à l’esprit-cœur ». L’expression désigne la transmission silencieuse qui s’opère entre le maître et le disciple qui lui succède.

Voir : Eveil/Bodhi/Satori.

Jatâka : Récit des vies antérieures du Bouddha. Au moyen de ces récits et des innombrables bonnes actions qui ont permis de renaître comme Bouddha, le Jatâka (ensemble de ces récits) expose les relations de causes à effets, i.e. la loi du Karma.

Voir : Bouddha.

Jiriki-Tariki : Termes bouddhistes se référant à deux aspects et pratiques de la voie, aspects à la foi distincts et complémentaires : Jiriki désigne le « pouvoir de soi », i.e. l’aspect actif de la vie et de la pratique ; Tariki renvoie au « pouvoir de l’autre », i.e. l’aspect passif de la vie et de la pratique. D’une part, l’ascèse et la méditation, d’autre part, la prière et l’éveil aux forces qui dépassent le pratiquant. Ainsi maître Dogen (XIIIe siècle) décrivait-il la pratique du Zen sôtô comme une « simple dévotion à la méditation assise ».

Voir : Zen/Zazen, Eveil/Bodhi/Satori.

Karma : Karman (forme neutre) signifie « acte ». Le bouddhisme distingue trois types d’acte ; le physique, le verbal et le mental. Actions, paroles et pensées créent le Karma, compris comme une succession d’actes, selon le processus suivant : les intentions qui naissent des pensées génèrent des mots et des actions qui engendrent des effets. Ces effets conduisent à de nouvelles actions. Cet enchaînement de causes et d’effets façonnent la vie et détermine l’avenir. Il entraîne la transmigration, succession d’états d’âme et de renaissance, ce qui correspond au Samsara. Toutefois, le Karma est modifiable (« karma léger ») ou peut être épuisé (« karma fixe »). Le Sûtra du Lotus dit en effet que la grande assise et la méditation feront évanouir le Karma (« Toutes vos fautes s’évanouiront alors comme la gelée blanche et la rosée au soleil de la sagesse de l’Eveil qui donne la possibilité de transformer le Karma »).

Voir : Nirvâna.

Kleshas : Tourments, illusions, désirs ou encore passions négatives. Traduit en japonais par « bonno » : « Ce qui tourmente et qui afflige ». Il s’agit des fonctions mentales qui troublent le corps et l’esprit. Pour l’école Yogâcâra (« Rien que conscience »), les cinq principaux « kleshas » sont l’avarice et la convoitise, la colère, l’ignorance, l’arrogance, le doute et les conceptions erronées. Sur cette base, des listes plus étendues de « kleshas » s’ajoutent, avec des subdivisions et des nuances (des « kleshas » plus ou moins profonds, plus ou moins influents). Ces illusions et passion négatives naissent à chaque instant dans le psychisme de l’homme. Pour les surmonter, il faut les observer et comprendre leur caractère illusoire.

Voir : Zen/Zazen, Eveil/Bodhi/Satori.

Lotus : Fleur qui éclot sur des eaux stagnantes et troubles (Samsara), le lotus est le symbole de l’éveil. Dans la symbolique bouddhiste, le Bouddha Shâkyamuni trône sur un lotus lequel représente la nature du Bouddha, non affectée par la boue du Samsara. Le centre du lotus est le moyeu de la roue (l’axe du monde). C’est depuis ce centre que le Bouddha Shâkyamuni, dans sa fonction de Chakravartin, fait tourner la « roue de la Loi ». Les huit pétales du lotus renvoient à l’octuple chemin. Enfin, le fameux Sûtra du Lotus est un sermon prononcé par le Bouddha Shâkyamuni sur le pic des Vautours, sermon couché à l’écrit vers 150 av. J.-C. Ce texte est l’un des plus importants du Mahayana et du bouddhisme sino-japonais. Fondateur de l’école Soto, Dogen lui vouait une grande vénération : « Le Sûtra du Lotus est le roi des Sûtras : reconnaissez-le comme votre grand maître ».

Voir : Samsara.

Lumbini : Lieu de naissance du Bouddha Shâkyamuni, près de Kapilavistu, dans la partie méridionale du Népal actuel. Les archéologues ont retrouvé sur ce lieu des colonnes de pierre sur lesquelles ont été gravées des édits du roi Ashoka, troisième souverain de la dynastie Maurya (il règne de 232 à 208 av. J.-C.), bouddhiste fervent et unificateur d’une partie du monde indien.

Voir : Bouddha.

Mahâyâna : Grand Véhicule. Courant doctrinal né au premier siècle après J.-C. « Véhicule » est ici compris comme un moyen de progression sur la voie du salut. Le Mahâyâna se distingue du Hinâyâna par le fait qu’il fait prévaloir l’idéal du Bodhisattva (l’être d’éveil) sur celui de l’Arhat (le saint). Le Bodhisattva est l’être d’éveil qui, par compassion, fait le vœu de sauver tous les êtres avant d’entrer dans le Nirvana. Le Mahâyâna se développe à travers différentes écoles de l’Inde au Tibet, de la Chine au Japon. Schématiquement, il prévaut en Asie de l’Est et du Nord-Est. Le Ch’an (Chine) et le Zen se rattachent au Mahâyâna.

Voir : Hinayana ; Bodhisattva.

Maya : Illusion. Le monde phénoménal, du fait qu’il n’a pas de réalité substantielle et durable, est qualifié d’illusoire. La maya s’explique par l’ignorance (avidyâ), celle-ci étant définie comme une activité du mental qui préfère le confort de la confusion à la clairvoyance et à la vérité. Réaliser que le monde des phénomènes est illusoire signifie se libérer (mokhsa).

Voir : Nirvâna.

Nembutsu : « Vénération au Bouddha » (jap.). Le terme est une contraction de Namu (Je me consacre) Amida Butsu (au Bouddha Amida). Il désigne l’école de la Terre pure et les différentes branches de l’amidisme, tournées vers la vénération du Bouddha Amida (le Bouddha de la lumière infinie, de la Terre pure et de la béatitude parfaite). La seule invocation de son nom (« Namu Amida Butsu ») permet de réaliser l’état de bouddha et d’atteindre la Terre pure (une forme de paradis). Le Nembutsu est une branche du Mahâyânisme dans laquelle la foi et la dévotion sont importants. Au sein du bouddhisme japonais, ses adeptes sont particulièrement nombreux.

Voir : Bouddha ; Mahâyâna.

Nirvâna : La possibilité pour l’homme de se libérer du Samsara, et de réaliser le Nirvâna, est la troisième vérité énoncée par le Bouddha Shâkyamuni dans le sermon de Bénarès.  Nirvâna signifie « extinction ». Il s’agit d’éteindre les soifs ou désirs, qui se traduisent par des passions toujours plus brûlantes et douloureuses. Au fond de ces passions, l’ignorance (avidyâ) et l’illusion d’un « soi » permanent (Atman). Cette rage de vivre accroit la force vive du Karma. Libération absolue de tous les facteurs contraignants qui pèsent sur l’homme, le Nirvâna parfait ne peut être exprimé qu’en termes négatifs (cet Absolu est au-delà de l’intelligence et du langage). Ainsi s’explique le silence du Bouddha Shâkyamuni sur le sens ultime de la vie : il constate que toute spéculation est inutile et préfère donc montrer la voie. Parfois incompris, ce silence est à l’origine d’une vision péjorative et nihiliste du Nirvâna et de la doctrine bouddhique.

Voir : Samsara.

Obscurité fondamentale : Inhérente à la vie, l’Obscurité fondamentale est la source des désirs et illusions. La sagesse vainc cette Obscurité fondamentale.

Voir : Illusion ; Kleshas.

Octuple chemin (Octuple sentier) : Dans le premier enseignement du Bouddha Shâkyamuni, l’Octuple chemin désigne les principes qui conduisent à l’Eveil :1)compréhension juste ; 2) pensée juste ; 3) parole juste ; 4) action juste ; 5) mode de vie juste ; 6) effort juste ; 7) attention juste ; 8) concentration juste. Les principes 3, 4 et 5, relèvent de la conduite morale (Sila) : les principes 6, 7 et 8, relèvent de la discipline mentale (Samadhi) ; les principes 1 et 2 relèvent de la sagesse (Prajna).

Voir : Bouddha.

Paramita : « Perfection » (littéralement : « Parvenir à l’autre rive ». Il s’agit des pratiques que le Boddhisattva doit réaliser afin de passer de la rive de l’Illusion à celle de l’Eveil. Les Six Paramita sont : 1) Le don de soi ; 2) L’observation des préceptes (au nombre de dix) ; 3) La patience ; 4) L’assiduité dans l’effort ; 5) La méditation ; 6) La Sagesse. La deuxième « perfection » renvoie au dix préceptes qui expriment la conduite morale du bouddhisme : 1) s’abstenir de détruire la vie ; 2) S’abstenir de prendre ce qui n’est pas donné ; 3) S’abstenir de fornication et de toute impureté ; 4) S’abstenir de mentir ; 5) S’abstenir de toute boisson forte ; 6) S’abstenir de manger aux heures défendues (l’après-midi) ; 7) S’abstenir de tout divertissement ; 8) S’abstenir d’orner et d’embellir sa personne ; 9) S’abstenir de tout confort ; 10) S’abstenir de recevoir de l’or ou de l’argent. Le respect des préceptes s’impose à celui qui veut devenir moine (bhiksu). Le « bouddhisme karmique » (celui des laïcs) est moins exigeant que le « bouddhisme nibbanique » (celui des moines) : pris par leurs responsabilités familiales  et séculières, les laïcs doivent composer et se concentrer sur les cinq premiers préceptes. Quant au « bouddhisme nibbanique », il constitue une voie radicale qui vise directement le Nirvana.

Voir : Illusion ; Kleshas ; Obscurité fondamentale ; Eveil/Bodhi/Satori.

Prajnâ : Sagesse absolue et transcendantale – elle dépasse le monde relatif des phénomènes -, née de l’expérience de la vacuité (Sûnyatâ/Ku).

Voir : Paramita.

Quatre Nobles Vérités : Les Quatre Nobles Vérités sont énoncées par le Bouddha Shâkyamuni près de Bénarès, après son Eveil. Il met alors en mouvement la Roue de la Loi (Dharmaçakra). Ces vérités sont au fondement de l’enseignement et des développements du bouddhisme. 1) Toute existence est souffrance (Dukkha), du fait de l’impermanence des êtres et des choses. 2) La souffrance (Dukha) est engendrée par les désirs / la convoitise (Trishna), leur impermanence et les insatisfactions qu’ils entraînent.  3) la cessation des désirs met fin aux souffrances (réalisation du Nirvana). 4) L’Octuple chemin (Aryaashtana marga) est voie permettant de se libérer des désirs (compréhension juste, pensée juste, parole juste, action juste, mode de vie juste, effort juste, attention juste, concentration juste). Dans le Mahayana, le désir peut être vu comme l’origine ultime de l’Eveil : d’une part, les insatisfactions provoquées par le désir suscite l’aspiration à l’éveil ; d’autre par cette aspiration est-elle-même un désir.

Voir : Bouddha ; Eveil/Bodhi/Satori.

Quatre Rencontres : Le futur Bouddha Shâkyamuni a longtemps été tenu reclus dans son palais par son père, Shuddodana, chef du clan des Shâkya et roi de Kapilavastu (au sud du Népal actuel). Ce dernier voulait ainsi éviter que son fils ne renonce au trône pour suivre la voie de l’Eveil. Lorsque le futur  parvient à sortir du palais, il rencontre un vieillard (porte Est). Réitérant la chose, le futur Bouddha Shâkyamuni croise successivement un malade (porte Sud), un cortège funéraire (porte Ouest) puis un ascète (porte Nord). La rencontre avec la vieillesse, la maladie et la mort lui fait réaliser la vacuité de l’existence et elle marque le point de départ de sa quête spirituelle. Ainsi quitte-t-il le palais en pleine nuit, clandestinement, pour entrer dans la vie religieuse et mener une vie ascétique censée conduire à l’Eveil.

Voir : Eveil/Bodhi/Satori.

Rakusu : Petit carré d’étoffe formé de morceaux de toile cousus ensemble. Il représente la robe élimée du Bouddha Shâkyamuni.

Voir : Zen/Zazen ; Bouddha.

Rinzaï/Soto : « Rinzaï » est le nom d’une branche du Bouddhisme zen japonais, le  « Sôtô » constituant la deuxième branche. Le Zen rinzaï est constitué comme école en Chine, par un disciple du sixième patriarche Houei-Neng (jap. Eno), au VIIe siècle ap. J.-C. Rinzaï dérive de Lin tsi, l’un des maîtres de cette école. Celle-ci est introduite au Japon au XIIe siècle par le moine japonais Eisai. Le Zen rinzaï gagne la faveur des milieux aristocratiques et nombre de moines de cette école s’illustrent par leur érudition et leurs réalisations artistiques. En sus de la pratique de Zazen (la méditation assise), le Zen rinzaï a recourt aux Kôans, i.e. des problèmes contradictoires et insolubles censés conduire le disciple à abandonner les modes de raisonnement ordinaires et ses conceptions personnelles. Exemple : « Quel était votre visage avant votre naissance ? » S’il s’est élevé contre l’emploi systématique des Kôans, le Zen sôtô n’est pas une simple réaction au Rinzaï. Cette école a elle aussi été fondée par un disciple de Houei-Neng. Elle doit son nom à deux maîtres chinois du IXe siècle de notre ère dont les noms ont été japonisés : Tozan Ryokai et Sozan  Honjaku. Cette école est introduite au Japon par maître Dogen (1200-1253) dont le rôle dans l’histoire et la pratique du bouddhisme japonais ont été considérables. Le Zen sôtô porte principalement l’attention sur la méditation assise (Zazen), porte de l’Eveil. Une formule de Dogen va à l’essentiel : « Pratique et Satori sont une seule chose » (Shu sho ichinyo »). Toutefois, la méditation assise n’exclut pas l’enseignement, oral et écrit, et les mondos (le dialogue entre le maître zen et son disciple). Ainsi Dogen est-il l’auteur d’une œuvre importante dont le Shobogenzo (le « Trésor de l’œil de la Vraie Loi »).

Voir : Zen/Zazen ; Eihei-Ji.

Sangha : Terme masculin qui désigne la communauté bouddhique constituée des moins et nonnes, des bodhisattvas et des fidèles laïcs des deux sexes. Le Sangha est l’un des trois trésors.

Voir : Paramita ;Bodhisattva.

Samsara : Terme traduit par transmigration ou renaissance. La loi du Karma conditionne le cycle des renaissances : les actes posés lors de son existence et leurs effets conditionnent la renaissance sous diverses formes, et donc le maintien dans le grand cycle de la vie. La naissance sous forme humaine est considérée comme une chose exceptionnelle dont il faut profiter pour développer la sagesse et la compassion. La délivrance du Samsara est le Nirvana.

Voir : Karma ; Nirvana.

Tripitaka/Les trois corbeilles : Ce terme désigne l’ensemble des écritures bouddhiques considérées comme canoniques et divisées en trois parties : le Vinayapitaka (les règles de la vie monastique) ; le Sûtrapitaka (les discours de Bouddha rapportés par Ananda, lors du premier concile de Râjagriha) ; l’Abhidharmapitaka (le commentaire des Sûtra).

Voir : Bouddha.

Trois poisons/Trois trésors : Source de tous les désirs et illusions, les trois poisons sont l’avidité, la colère et l’ignorance. Ils constituent le fondement de l’existence, comprise comme Samsara. L’Eveil les transforme en sagesse.Les trois trésors sont le Bouddha, le Dharma et le Sangha.

Voir : Samsara ; Dharma ; Bouddha.

Unsui : Unsui (jap.) signifie « Eau-nuages ». Le terme désigne l’état d’esprit propre à la méditation des novices (un esprit fluide comme l’eau et changeant comme les nuages). Aussi ce nom est-il donné aux novices dans les monastères zen.

Voir : Zen/Zazen.

Upaya : Moyen salvifique utilisé par le Bouddha Shâkyamuni afin de guider les êtres vers l’Eveil. Du sermon aux actes miraculeux, l’usage de ces moyens découle des vœux formulés au moment où le Bouddha Shâkyamuni décide de faire tourner la « roue de la Loi » (la prédication bouddhique). L’habileté réside dans l’adaptation des moyens de salut aux capacités de chaque auditeur ainsi qu’aux divers contextes culturels.

Voir : Bouddha.

Vajra : « Eclair de la foudre » dans l’hindouisme, le Vajra est l’attribut du dieu Indra). Dans le bouddhisme, le Vajra est le Diamant. Il symbolise le caractère absolu et indestructible de la voie du Bouddha. Ce symbole est également utilisé pour signifier ce qu’est la vacuité, pure, lumineuse et inaltérable comme le diamant.

Voir : Bouddha.

Voie du milieu : Voie qui dépasse les opposés, les contraires et les vues partielles. Sur le plan de la pratique, l’expression désigne une juste ascèse (mot grec qui signifie « exercice »), ni trop tendue (mortification), ni relâchée (abandon aux plaisirs de l’existence).

Voir : Zen/Zazen.

Waka : Moins connu que le Haïku, le Waka est un type traditionnel de poème également issu du Zen. Il est utilisé par les maîtres afin d’exprimer leur expérience de l’Eveil. Le Haïku est un poème de dix-sept syllabes réparties en groupes de cinq, sept puis cinq syllabes ; le Waka comprend deux groupes supplémentaires de sept syllabes (vingt-six syllabes réparties en groupes de cinq, sept, cinq, sept puis sept syllabes).

Voir : Maîtres et Patriarches (à venir).

Wu-men-kuan : nom d’un célèbre recueil de Kôans. Ledit recueil porte le nom de l’un des maîtres du Zen rinzaï. , Wu Men Hui K’ai (1183-1260).

Yashodara : Epouse de Siddhârta Gautama Shâkyamuni et mère de Râhula. C’est peu après la naissance de ce fils, à la suite des Quatre rencontres, que Siddhârta Gautama Shâkyamuni partit en quête de l’Eveil.

Voir : Bouddha ; Quatre Rencontres ; Eveil/Bodhi/Satori.

Yoga/Yogachara : Yoga se traduit par “union”, “joug” ou encore « méthode”.  Discipline physique morale et spirituelle qui, par la méditation, l’ascèse et l’exercice corporel, vise la « libération » (Moksha). Attribué à Patanjali (IIIe siècle av. J.-C.), le Yoga-Sûtraconstitue le texte de référence du yoga. Si le yoga est l’une des branches du brahmanisme, la découverte archéologique de la ville Mohenjo-Daro (civilisation de l’Indus, environ 3000 av. J.C.) a provoqué un débat sur une origine antérieure à l’installation de peuples  indo-européens dans le nord de l’Inde actuelle Voir la découverte dans les ruines de cette ville d’un sceau qui représente un personnage assis en tailleur qui rappelle l’une des asana (asana : posture) du yoga. Toujours est-il que la posture de Zazen, d’un point de vue bouddhique, constitue la synthèse du yoga. Quant au terme de Yogachara, il désigne une école de yoga du bouddhisme mahayana, fondée par Asanga et Vasubandhu (IVe siècle ap. J.-C.). Dans cette école, les exercices de méditation et de yoga visent à purifier les perceptions et à réaliser les Paramita, afin de parvenir à l’Eveil.

Voir : Zen/Zazen.

Zen/Zazen : Zen est mot japonais qui correspond au sanskrit « Dhyâna »  (Chan ou T’chan en chinois). Le terme signifie « méditation ». Le Chan  désigne une branche du bouddhisme mahayana fondée par un moine indien, Bodhidharma, qui l’introduisit en Chine au VIe siècle. Cette école privilégie la méditation et le recueillement comme voie d’accès à l’Eveil : « Transmission particulière en dehors des Sûtra, indépendantes des mots et textes sacrés, montrant directement du doigt l’esprit de l’homme, voyant sa vraie nature et atteignant la bouddhéité » (Bodhidharma). En d’autres termes, la vision pénétrante et l’Eveil s’obtiennent soudainement (Satori) après un long et difficile entraînement, sous la direction d’un maître. Par la suite, le Chan est parvenu au Japon où il a donné naissance à deux écoles : le Zen Soto, axé sur la méditation assise (Zazen), et le Zen Rinzaï qui ajoute à la méditation assise la résolution des Kôans (question énigmatique ou problème paradoxal qui requiert l’abandon des modes habituels de raisonnement). Pratiqué dans les différentes écoles bouddhiques et privilégié par le Zen Soto, le zazen est une forme de méditation assise.

Voir : Bouddha ; Eveil/Boddhi/Satori.

Zendo : Salle du Zen, plus communément nommée « Dôjô ».

Voir Zen/Zazen.